Quand j’étais très jeune (et encore plus belle), j’ai eu rêvé de tutus en tulle, de pointes roses et de passer le au ballet. J’ai donc effleuré la danse classique ; et on dira « effleuré » parce que j’ai vite choisi entre danser et chanter mes mercredis après-midi. C’est pendant cette courte période que j’ai rencontré le Sacre du Printemps de Stravinsky pour la première fois : Béjart et ses ballets passaient au Palais des Sport à Dijon (sans commentaires) pour donner leur version chorégraphique de la bête, môman, grosse fan de la grande époque des Ballets Russes à Paris (autour de 1910) enseignait encore un peu d’histoire de la danse à des lycéens, le prétexte était tout trouvé. On m’empoigna par les tresses et ce spectacle m’apparut alors comme un viol de mes oreilles, mes yeux de toute façon n’y avaient rien compris non plus. Je ne garde de cet espèce de fiasco que le souvenir d’un vacarme affreux-affreux-vilain-moche, et de corps qui avaient l’air nus (à 9 ans, j’étais prude) et ne tendaient pas leurs pointes. Bon, il faut quand même savoir qu’à l’époque, cette chorégraphie était une référence en matière de danse contemporaine et que je venais donc sans doute de voir passer un mythe avec beaucoup moins d’intérêt qu’une vache qui joue à compter les wagons dans son champ. Pour exemple, la fin de la première partie, L’Adoration de la terre : Rondes printanières, Jeu des cités rivales, Cortège du Sage, L’Adoration de la Terre et Danse de la terre.
Le temps a passé, mes oreilles se sont éduquées et il se trouve que j’ai développé pour cette œuvre un amour sans bornes. J’aime les cris d’effroi qu’elle a provoqués à sa création, je ferai écouter sans doute le début bientôt parce que même après un nombre incalculables d’exécutions (eh oui, des études + deux tournées avec des orchestres de jeunes et des chefs mythiques + bientôt 14 ans dans mes jolis murs roses, ça représente un paquet de Sacres) plus loin, je reste complètement béate devant cette partition, mais bref…
Il aura fallu attendre 1996 environ pour que Arte diffuse une recréation de la chorégraphie originale de Nijinsky, celle par qui le scandale arriva, celle qui a été élaborée en même temps que et autour de la musique. Ce fut une claque monumentale, un coup d’amour fou, comme une explication à la musique et au choc du public en 1913. Quelle audace, quel génie dans la réinvention de l’esthétique du mouvement, quels costumes à la fois slaves et complètement exotiques, quelle merveille ! Ma mâchoire en tombe à chaque fois si bas que les mots ne se forment plus. Le même extrait que plus haut avec Valery Gergiev à la baguette, les ballets du Kirov/Théâtre Mariinsky de Saint-Petersbourg, et donc la chorégraphie originale de Nijinsky habillée par les costumes créés pour les Ballets Russes par Nicholas Roerich.
On enregistre cette musique incroyable pour Naïve dans 10 jours environ, mais surtout on la jouera en public le 17. Viendez, c’est de la bonne.
Tu vas me jeter des cailloux, mais j’adore écouter le sacre du printemps quand j’ai du ménage à faire, genre le gros ménage de printemps justement (que je fais n’importe quand y compris en hiver…)
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Moi pour le ménage c’est Nirvana. Et j’aime pas jeter des pierres : ça fatigue 🙂
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Je crois que je n’ai jamais entendu le Sacre en concert, ni même un petit extrait. Et mes connaissances sur l’oeuvre sont très maigres… Une lacune à combler !
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Grave maladie… il faut soigner ça ce mois-ci, absolument !
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Ahah très bien ton récit du ballet Béjart. J’imagine le truc à 9 ans…
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Ah ça, c’était quelque chose 🙂
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